1958 TRÈS RARE LIP COSMIC R27 DU GÉNÉRAL DE GAULLE OR ROSE 18K LA 1ère ÉLECTRIC

Description

HISTORIQUE DE LA MANUFACTURE

Quelques mots de sa fille Muriel Lip-Vidal : « Écrire (…) est toujours un exercice périlleux surtout quand il s’agit de son propre père et Fred Lip était mon père. C’était un homme hors du commun, un original, un visionnaire. Son comportement pour le moins inhabituel et son caractère tranché lui ont attiré de solides inimitiés et beaucoup d’incompréhensions mais ils lui ont aussi acquis des amitiés profondes et assuré la fidélité de bon nombre de gens de toutes sortes, employés, artistes, scientifiques, alpinistes, industriels et même hommes politiques. Comme tous les hommes, il avait des défauts et a fait des erreurs mais, comme peu d’hommes, il a réussi des choses extraordinaires et a eu des passions dévorantes. Parmi toutes ses passions, en dehors de celle, dévorante qu’il me vouait à moi sa fille unique, il y a eu la montagne et les voitures rapides et, surtout, celle qu’il a toujours entretenue pour la société Lip, cette société qu’il a retrouvée ruinée au lendemain de la guerre. Pourtant, contre vents et marées, grâce à son travail, son courage et son imagination, il a réussi à en faire une grande société, connue et reconnue dans le monde entier, un symbole et un modèle de ce qu’aurait dû être une société horlogère. Il en a fait la société à qui l’horlogerie doit tant de choses qui semblent aujourd’hui, banales. Qui se souvient que la première chaine de montage automatisée pour l’horlogerie, c’est lui ? Qui se souvient que la première montre-bracelet électrique, c’est encore lui ? Qui se souvient encore que c’est à Lip qu’on doit la première et sans doute la seule minuterie mécanique programmable pour satellite construite pour l’ESA ? Qui se souvient aussi qu’en 1929, Fred Lip était recordman du monde de vitesse à moto sur 5 & 10 km et 5 & 10 miles ? Sans doute plus personne ! Hélas, ce qu’on a appelé les évènements Lip et tout ce qui les a accompagnés, non seulement ont détruit la société qui portait son nom mais ont également laissé de lui une image qui ne correspond ni à la réalité de la société ni à la vérité de l’homme qu’il était. Était-il, malgré ses erreurs, le dernier survivant de la race des industriels créateurs et pionniers tels qu’on en voyait tant au XIXè siècle ou un de ces visionnaires qui ont préparé le passage au XXIè siècle ? Nul ne peut le dire (…) ».

Depuis 1867, la célèbre marque LIP s’est imposée comme la digne représentante de la grande tradition horlogère française. Maîtrise du temps, savoir-faire, innovation, séduction et qualité de fabrication sont depuis toujours les lettres de noblesse de cette marque de renommée internationale. Inscrites au Patrimoine Industriel de la France, les montres LIP ont construit leur réputation grâce au soutien de personnalités célèbres (le Général Eisenhower, Sir Winston Churchill, le Général de Gaulle, ou encore Bill Clinton) et aux évènements auxquels elle fut associée. Aujourd’hui, les lignes élégantes et raffinées des collections LIP connaissent toujours plus de succès. En s’appuyant sur une très forte identité avec son célèbre logo, sur des finitions contrastées, des matériaux de qualité, ces montres vous donnent le meilleur de la marque LIP.

LA MONTRE DES PRÉSIDENTS

Ce modèle est devenu particulièrement célèbre grâce à une photo du général De Gaulle en compagnie du Général Eisenhower marchand et regardant tous les deux l’heure à leurs poignets (voir une des photos de cette annonce). Lors d’une visite dans les usines de Palente, le général De Gaulle la recevra en cadeau par Fred LIP en 1958. La légende veut que le Général ait jugé cette montre au boîtier en or trop luxueuse pour la porter, mais qu’elle trônait sur sa table de nuit. Dans le livre de Maria Pia Coustant « des heures à conter », Fred Lip raconte : « j’ai voulu que le Général soit le premier au monde à posséder l’une des montres électriques à pile créées par la firme que je dirigeais. Comme sa vue était mauvaise, je lui ai fait un cadran très lisible, avec des gros chiffres et des aiguilles particulièrement voyantes. Grâce à la complicité de Mme de Gaulle et du commandant Sabot, nous mimes au point un plan astucieux pour assurer l’exactitude du Président. Deux montres similaires furent établies, elles prenaient le relais toutes les semaines, sur sa table de nuit. Soigneusement réglées, sur ma demande, par un maître en la matière dans nos laboratoires, elles étaient remplacées après avoir varié de quelques secondes ». Une R27 sera offerte peu de temps après celle de De Gaulle au général Dwight Eisenhower.

En juillet 2019, la première Lip Cosmic du Général estimée alors entre 6000 et 10000 euros, aura été adjugée pour 32500 euros. Un moment de l’histoire de France comme de l’histoire de l’horlogerie française. « Non seulement elle possède un passé historique fort, mais elle est en outre la première montre-bracelet de De Gaulle mis en vente aux enchères », précisait alors Geoffroy Ader, l’expert indépendant l’ayant estimée.

La deuxième montre LIP R27 en or, portée par le Général De Gaulle, provenant de la succession de son fils l’amiral Philippe de Gaulle, passe sous le marteau (toujours chez Artcurial) le 16 décembre 2024 et a été adjugée à la somme impressionnante de 410 000 euros, soit 537 920 euros avec les frais. Cette enchère constitue non seulement la plus élevée de la vente, mais elle établit également un record pour la marque LIP. Mr. Philippe Bérard, directeur général de la société LIP actuelle (SMB) qui a repris la marque bisontine il y a dix ans; était présent. Très déçu d’avoir vu la montre du Général de Gaulle lui échapper, les enchères ont rapidement atteint des sommets privant ainsi le retour de cette pièce emblématique à son berceau à Besançon. Ainsi, même si la montre ne revient pas à Besançon, cet événement souligne l’importance historique et culturelle de LIP dans le paysage horloger français. Ces deux ventes aux enchères ont non seulement permis d’établir un nouveau record, mais elles ont également ravivé l’intérêt pour une marque qui a su traverser les époques tout en restant fidèle à ses valeurs d’innovation et d’excellence.

Le modèle actuel de la collection LIP appelée « Montre du général » rééditée en 1994, n’est donc pas la vraie, puisque cette montre est la reproduction d’un modèle de 1972 de forme tonneau avec un calibre Lip R184, sorti après la mort de Charles De Gaulle !

L’AVENTURE ÉLECTRIQUE, FRED LIP LE PRÉCURSEUR !

Toujours sous l’impulsion de Fred Lip, avec les recherches entreprises dès 1946, Lip lance la première montre électrique mondiale, baptisée « électronic ». Elle est présentée le 19 mars 1952. Elle sera commercialisée en décembre 1958. En 1966 Lip expose au salon de Bâle la première montre dame électrique du monde. C’est donc en 1946 que Fred Lip confie à son directeur technique Jean-Georges Laviolette, aidé de Paul Dargier de Saint-Vaulry jusqu’en 1955 puis de Jean Pommier, le soin de mener les recherches dans le domaine électrique, en collaboration avec la société américaine Elgin Watch Co. Pour la petite histoire, il faut savoir que les recherches menées par LIP autour de la montre électromécanique étaient maintenues secrètes. Un garde armé surveillait même l’entrée des laboratoires. Mais le maintien de ce secret nécessitait aussi une totale autonomie de fonctionnement des équipes, tant sur la construction des prototypes que sur la conception de l’outillage nécessaire. Ceci peut expliquer la longue durée de mise au point de ce calibre.

Le choix de la forme du calibre surprendra, surtout pour la place laissée aux 2 piles. Le R27 était prévu pour des boîtiers ronds et les piles utilisées devaient être les piles haricots conçues par LIP en collaboration avec Leclanché. Ces piles n’ont jamais été fiables et elles ont été abandonnées au profit des piles rondes Union Carbide (Ucar 201). Le calibre est resté tel quel et a imposé une forme allongée du boîtier et le rajout d’un adaptateur en plastique noir pour les nouvelles piles. L’autre solution pour conserver un boîtier rond était de loger les piles dans le bracelet mais cette solution ne sera pas retenue. Ces 10 années de recherches aboutissent à la présentation le 19 mars 1952 de la première montre électrique du monde (avec ce calibre R 27), dont une version plus aboutie sera commercialisée à partir de 1958.

Voici son fonctionnement, il faut distinguer 2 parties :

– une partie électrique constituée par 2 bobines, une diode, un circuit électrique avec 2 piles

– une partie mécanique constituée par un échappement et un train de rouage. Le balancier sert d’intermédiaire entre ces 2 parties.

Les oscillations du balancier déplacent un fil de contact en or ce qui permet de fermer ou d’ouvrir le circuit électrique.
Lorsque le circuit se ferme, les bobines et leurs noyaux (stator) jouent le rôle d’électroaimant qui repousse la balancier (rotor), entretenant son oscillation. Le circuit se coupe quasi instantanément lorsque le doigt de contact n’appuie plus sur le fil de contact. Le spiral assure alors l’oscillation inverse du balancier et le démarrage d’un nouveau cycle d’oscillation. Le balancier dont l’oscillation est entretenue par la partie électrique actionne un échappement et un train de rouage assurant le déplacement des aiguilles et donc l’affichage de l’heure.

Ces montres sont qualifiées de « ELECTRONIC », terme un peu exagéré puisque seule la diode, qui a un rôle très secondaire est un composant électronique. On devrait plutôt parler de montre électrique ou électromécanique. Les premières vraies montres électroniques apparaîtront dans les années 60 avec les calibres transistorisés puis les calibres à quartz.

LIP et ses concurrents :

Les recherches autour du calibre électromécanique se sont faites en collaboration avec la manufacture américaine Elgin qui présentera lui aussi son calibre « électronic ». Mais l’association LIP/Elgin ne sera pas la première à proposer au public une montre équipée d’un calibre électrique. C’est Hamilton en 1957 qui sera la première firme à le proposer, il s’agit du calibre 500 qui équipera notamment la très célèbre Ventura rendue célèbre par Elvis Presley et immortalisée par le film Men In Black. Le R27 semble aujourd’hui être un calibre totalement obsolète, cependant il faut le replacer à l’époque de sa sortie. Ce mouvement reflète ce qui se faisait de mieux technologiquement parlant en horlogerie de poignet. Les prix proposés en faisaient une montre de luxe (voir ma photo de la publicité du début des années 60) :

– Modèles en or 1600 puis 1880 NF

– Modèles en acier : 600 puis 650 NF

Cette Cosmic en or massif que je propose aujourd’hui, le prix était 160 000F ou 1600NF en 1958, ça représentait environ 3000€ si on en croit un calculateur d’inflation sur le net. A la fin des années 50, ce n’était même pas le prix d’une Patek Philippe ou d’une rolex Daytona, et le prix du poids de l’or a énormément augmenté depuis plus de 50 ans… sans parler de la valeur d’une montre de collection aussi rare !

Il faut se remettre dans le contexte de l’époque pour se rendre compte des nombreux avantages de ce type de calibre par rapport à un calibre automatique :

– la montre fonctionnement en totale autonomie, portée ou non, pendant plus ou moins 12 mois.

– l’énergie délivrée par la pile étant très constante dans le temps, la fréquence d’oscillation du balancier est très stable ce qui confère à la montre une excellente précision. La tension du ressort d’un calibre mécanique ne pouvant pas être constant, même sur une automatique, on ne peut pas obtenir la même stabilité.

– L’énergie transmise au train de rouage par l’échappement est très faible ce qui limite les problèmes d’usure et de lubrification puisqu’il y a peu de frictions. Seuls les pivots du balancier nécessitent une lubrification régulière ce qui simplifie énormément l’entretien de ces calibres

On peut imaginer son porteur, un riche PDG français qui descend de sa Citroën DS 19 noire, une LIP electronic au poignet, pour embarquer sur le France ou dans une Caravelle en direction de l’Amérique.  Une sorte de vitrine technologique faisant la fierté de notre pays. Certes ce calibre n’est pas esthétiquement beau, il n’a pas de belles décorations, cependant, c’est une pièce importante du patrimoine horloger français et même mondial qu’il faut conserver et apprécier. S’il fallait lui trouver un équivalent aujourd’hui, je pense que le calibre SpringDrive de Seiko serait un bon candidat.

CERTES CE N’EST PAS CELLE DU GÉNÉRAL, MAIS QUEL CHEF D’ŒUVRE !!

Boîtier : Période de production 1958-1963, année d’introduction de son successeur au milieu des années 60, le LIP R148. Les derniers calibres non utilisés dans des montres ont été montés dans de petites pendulettes. Celle proposé aujourd’hui date du début des années 60. Le boîtier est en or rose massif 18k est de forme tonneau, poli brillant et brossé sur l’arrière. Je vous invite à observer les photos du design ultra luxueux pour cette époque, les anses à cornes ressortantes sont facettées, biseautées, l’arrière possède des formes hors du commun avec les 2 trappes pour les piles et la clé de mise à l’heure aussi en or 18 k. La mise à l’heure avec stop-seconde s’effectue au dos de la montre à l’aide d’une sorte de clé repliable fixée au fond du boîtier. Son état nous fait croire qu’elle n’a été que très peu portée.

Dimensions : largeur hors remontoir 35,5 mm, 46 mm à l’extrémité des anses et 11,4 mm d’épaisseur verre compris, modèle pour homme.

Verre : d’origine, bombé, en hésalite, parfait sans choc ni rayure.

Cadran : Observez le superbe état du cadran pour une « vieille » de plus de 65 ans, avec ses fins index en or rose appliqués en relief, ses aiguilles « Dauphines » biseautées aussi en or rose pour une parfaite et rapide lecture de l’heure. Notez la queue de la trotteuse en forme d’éclair qui caractérise les modèles Lip électroniques, elle est auto compensée, ce qui permet de diminuer l’énergie dépensée par cette montre.

Bracelet : En cuir de vachette véritable façon crocodile, de couleur marron, neuf, 18 mm au niveau des anses de la montre, pour un poignet maximum de 22 cm.

Mouvement :le fameux et historique calibre LIP R27 électro-mécanique de 12 lignes (soit 27 cm), protégé 10 rubis et des antichocs « incabloc », réalisant 18000 alt /heures et un organe régulateur (le balancier) avec un spiral « Bréguet » (le haut de gamme de la précision à cette époque). L’autonomie des piles est garantie 12 mois à cette époque. Révisé par mes soins, il est en parfait état de fonctionnement. Notez que ce sont des frais que vous n’aurez pas à faire sachant qu’une révision complète pour ce genre de montre coûte autour de 200 € chez un horloger « raisonnable ».

Observations : Fred Lip écrit en 1963 à propos de ses recherches sur les montres électriques : « Concevoir une montre d’un mouvement particulier, passer des années à la mettre au point, se retenir de la lancer sur le marché jusqu’au jour où elle est exactement ce qu’on a voulu qu’elle soit, c’est passionnant ».

Dans les années 60, ce calibre reflète ce qui se faisait de mieux technologiquement parlant en horlogerie de poignet. Mais certainement la Lip R27 est l’une des montres françaises les plus importantes de tous les temps, un véritable pionnier, un joyau rare, une icône française et l’une des plus belles montres du 20ème siècle. Le cadran avec ses index et aiguilles en or, n’est qu’une petite partie de son apparence, l’autre partie est le lourd boîtier en or rose (24 grammes) avec de fortes facettes, c’est sûr il s’agit là de la plus haute qualité dans tous les aspects qui ne se compare pas à sa concurrente de l’époque, la montre Ventura d’Hamilton. Cette merveille est vendue sans son coffret d’origine.